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Art et entreprise, quelle(s) collaboration(s) ? (part 2)

Une étape du Tour de France de la créativité et de l’innovation collaborative

Chers lecteurs, je vous parlais ici d’un rapprochement possible entres artistes et salariés – sur des thématiques relevant aussi bien des ressources humaines que des équipes innovation voire R&D. Revenons aujourd’hui sur les modalités possibles d’un rapprochement art-entreprise.

 

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Pour résumer le schéma proposé ci-dessus, je vous propose deux axes pour comprendre les collaborations artistiques que j’ai pu recenser.

D’une part, le niveau d’intégration de l’artiste à l’entreprise : s’agit-il pour l’artiste de travailler sur ses projets personnels sans aucune contrainte ? d’hybrider son univers à la culture d’entreprise ?  de renoncer complètement à ses projets personnels ?

D’autre part, le niveau d’interaction de la collaboration, qui peut parfois aller de pair avec l’importance stratégique de celle-ci pour les parties prenantes : l’artiste et les salariés vont-ils travailler ensemble ? dans une relation d’égal à égal ou de subordination ?

 

  • Artiste partenaire

 

Dans cette configuration, l’artiste est partie prenante intégrée d’un projet précis, qui a été co-construit : il met en lumière une zone d’intersection entre l’univers de l’artiste et celui de l’entreprise (compétences complémentaires, synergies possibles etc.) C’est ce type de collaborations que valorise depuis 10 ans l’appel à projet Tango&Scan mis en place par ACCRO à Strasbourg : sont récompensés chaque année des projets aussi variés que du design culinaire, un dispositif de danse lumineux, du mobilier urbain etc.

 

  • Artiste résident

 

Le plus fréquemment, il s’agit pour l’artiste de travailler sur ses propres projets (résidence de création), sans contrainte particulière de production. L’entreprise fournit un lieu de travail, des matériaux, des outils, parfois quelques contraintes liées à son univers. Des ateliers de médiation ou de diffusion peuvent être organisés, à destination des collaborateurs ou des clients. Orange a ouvert cette année la “Art Factory” sur les nouveaux usages liés au numérique. Quant aux groupes Camif et Poult, ils avaient fait appel à des résidences dans des contextes de transformation organisationnelle importante.

 

  • Artiste prestataire

 

Dans ce cas, l’artiste est mis à contribution sur un projet précis. Il s’agit ainsi d’une commande, dont le cadrage doit être clair pour ne pas être générateur de frustrations (un artiste qui préfère explorer librement aura moins de marge de manœuvre). Lorsque le cadrage est clair, chacun peut y trouver son compte. Art Impulse propose ainsi des prestations en mettant “l’art au service du business” : d’événements à la production de cadeaux d’entreprise personnalisés, tout y passe. Mais ne s’agit-il pas alors plutôt d’une prestation de communication visuelle, de design ou d’événementiel ?

 

  • Artiste consultant

 

Dans ce dernier cas, ce qui est à l’origine de la collaboration, c’est une manière de penser décalée, la connaissance d’un écosystème ou une spécialisation sur une technique, un matériau, un média etc. sur lequel l’artiste peut conseiller l’entreprise. Aussi, les artistes sont-ils alors mobilisés en tant qu’experts sur une problématique ciblée de l’entreprise, comme le seraient d’autres consultants. L’artiste plasticien Fabrice Hyber a ainsi accompagné le directeur marketing de Sephora pendant un an. C’est également lui qui est à l’origine du programme Les Réalisateurs  à Nantes, dont l’objectif est d’expérimenter un nouveau dialogue entre art et entreprise.

A la semaine prochaine !

Manon Baëlen

Après ses études HEC Paris avec une spécialisation en Management de l’Innovation à l’Ecole Polytechnique, Manon Baëlen a lancé Noï, le Tour de France de la créativité et de l’innovation collaborative. Bengs soutient cette initiative en s’engageant comme partenaire à ses côtés et vous propose de suivre cette aventure grâce au billet d’humeur de Manon à retrouver chaque semaine.