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Avantage circulaire, et nouveaux business models durables

3 Cinq propositions de valeur circulaire

L’allongement de la durée de vie des produits

Pour prolonger leur durée de vie, les entreprises peuvent également tirer parti du marché de la seconde vie des produits, captant la valeur en réparant, reconditionnant, refabriquant et réemployant les produits. Les services permettant la reprise des produits et la logistique inversée peuvent également faire partie de la proposition de valeur des modèles circulaires.

 

LE MODELE DE LA REPARATION

La réparation correspond au fait de remettre un produit défectueux en état de marche.

Depuis 2008, le groupe Seb, leadeur français du petit électroménager cherche à prolonger la durée de vie de ses appareils en facilitant leur réparation et l’accès aux pièces détachées. Une longue mutation, d’abord testée auprès des professionnels de la réparation en 2015, avant d’être étendue aux consommateurs.

Pour offrir ce nouveau service, il a d’abord fallu réorganiser la fabrication et le stockage des pièces détachées. SEB a donc reconverti une usine de Franche-Comté en entrepôt de 15 000 m2, pouvant desservir soixante pays. Cinq millions de pièces représentant 40 000 références y sont entreposées. Disponibles rapidement pour les professionnels agréés du monde entier, ces pièces peuvent être commandées sur le site Internet du groupe et livrées à domicile.

Dans cette usine historique du groupe sont également conçus et réalisés des « manuels de réparation » et des didacticiels vidéo. Réservés aux réparateurs agréés, ces tutoriels sont accessibles à tous sur Internet et expliquent comment changer un interrupteur, une poignée, un thermostat…

 

LE MODELE DU RECONDITIONNEMENT

Le reconditionnement consiste à démonter partiellement un produit pour le remettre dans un état proche de celui du produit neuf.

En Europe, en 2017, on estime à 10% la proportion de téléphones vendus issus du reconditionnement et à 15% seulement les smartphones collectés. Le marché mondial des smartphones reconditionnés devrait se développer au rythme de 22% en moyenne par an pour atteindre 226,6 millions de smartphones en 2020 pour une valeur de près de 30 milliards de dollars.

C’est sur ce marché du reconditionnement des smartphones que s’est initialement positionnée l’entreprise Back Market. La start-up a levé successivement 7 millions d’euros en 2017 et 41 millions d’euros en juin 2018 pour renforcer sa place sur le marché français et conquérir de nouveaux pays européens.

 

LE MODELE DE LA REFABRICATION

Refabriquer, ou remanufacturing en anglais, est le procédé industriel de remise en état des produits usagés à un niveau de performance identique ou supérieur à celui des produits neufs. Si cette pratique est depuis longtemps employée dans l’industrie aéronautique, elle se répand dans d’autres secteurs.

D’après le CLEPA (European Association of Automotive Suppliers), le marché du remanufacturing est estimé entre 8 à 10 milliards d’euros en Europe. Toutefois, si ce secteur est estimé à 350 000 emplois aux Etats-Unis, il en représenterait seulement un dixième en Europe avec 35 000 emplois pour un parc automobile équivalent.

Pour l’entreprise Renault et sa filiale Indra détenue à 50% par Suez, cette activité emploie 325 personnes qualifiées basées sur le site de Choisy-le-Roi. Les pièces remanufacturées, exclusivement destinées à la réparation des véhicules en cours d’usage, sont 30 à 50% moins chères que des pièces neuves et bénéficient des mêmes garanties et satisfont aux mêmes tests de qualité que les pièces neuves.

Enfin, par rapport à une pièce neuve, la production d’une pièce remanufacturé permet d’économiser 80% d’énergie, 88% d’eau, 92% de produits chimiques et 70% de déchets.

Malgré les investissements de départ, cette offre permet d’augmenter les volumes des pièces de rechange et de fidéliser les clients. En 2018 l’entreprise dégage 10% de résultat net et s’exporte aujourd’hui au Maroc après avoir réalisé 45 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2017.

Avec plus de 30 milliards d’euros d’actifs gérés, DLL est une entreprise mondiale spécialisée dans le financement aux fournisseurs (Vendor Finance). La société propose des solutions de financement garanties par des actifs dans divers secteurs d’activités et entretient des partenariats avec des fabricants, revendeurs et distributeurs de biens d’équipement en vue de soutenir leurs canaux de distribution ainsi que la croissance de leurs activités.

A ce titre, DLL a par exemple identifié l’opportunité de remanufacturer les ambulances en fin de vie. En effet, les études ont démontré qu’en fin de vie (après 4 à 7 ans d’utilisation) le châssis engendrait des coûts importants de maintenance mais la cabine de soins était toujours fonctionnelle et loin d’être obsolète. La société a ainsi préconisé la récupération de la cabine de soin pour l’intégrer dans la fabrication de nouvelles ambulances. Les établissements de santé ont ainsi pu diminuer leurs dépenses dans les véhicules d’urgence de 20% et DLL a obtenu un véritable avantage concurrentiel sur le marché.

 

Ce modèle n’est pas adapté à tous les cas de figure. Il l’est principalement pour les produits dont la valeur initiale est particulièrement élevée.