Bengs Lab

Avantage circulaire, et nouveaux business models durables

3 Cinq propositions de valeur circulaire

Le traitement et la valorisation des déchets

La proposition de valeur de ces modèles est de :

  1. Réduire ou éliminer la perte de valeur représentée par la génération de « co-produits », « sous-produits » ou « déchets »
  2. Récupérer voire augmenter la valeur contenue dans ces flux résiduels lorsque ceux-ci ne peuvent pas être totalement éliminés.

 

LE MODELE “GESTIONNAIRE DES DECHETS”

Afin d’optimiser la gestion de leurs déchets, les entreprises peuvent soit décider de mener ce projet en interne, soit faire appel à des prestataires spécialisés.

Dans l’industrie sidérurgique, le groupe Arcelor Mittal a engagé plusieurs initiatives visant à valoriser les déchets et co-produits générés au cours du processus de production. Parmi les initiatives figurent :

  • Valorisation du laitier de haut-fourneau – coproduit de la fabrication de l’acier – dans la fabrication de béton, en substitution du ciment classique, permettant ainsi de produire un ciment plus économe en ressources naturelles et disposant d’une empreinte carbone 34 fois inférieure à celle du ciment classique.
  • Utilisation de l’acier usagé (les « ferrailles ») dans la production de l’acier neuf. En France, 1,9 million de tonnes de ferrailles ont été ainsi recyclées dans la production d’acier nouveau en 2017, soit plus de 18 % de ferrailles par tonne d’acier. Cette réutilisation permet d’économiser des matières premières (minerai de fer, charbon) et de l’énergie. Elle a également évité l’émission de 2,5 millions de tonnes de CO2 en 2017.

Créée fin 2017, la start-up Urbyn propose de simplifier la valorisation des déchets des entreprises en leur offrant des services de gestion des déchets s’appuyant sur une plateforme digitale et sur un réseau national de prestataires de valorisation des déchets.

Au titre des services proposés figurent :

  • La qualification de la production et des processus de gestion des déchets au sein de l’entreprise cliente (volume, dispositif de gestion, processus…)
  • L’identification et la sélection de solutions et prestataires de gestion des déchets (algorithme de correspondance, appels d’offres simplifiés, contractualisation en ligne)
  • La coordination des prestations de gestion via la plateforme en ligne (clients et prestataires) : formation des collaborateurs, planification et optimisation des tournés, gestion administrative, facturation, paiement…
  • Le suivi des opérations clients et prestataires : rapport de production de déchets, de performance de collecte et suivi des coûts.

La start-up iNex Circular a développé une plateforme digitale permettant de connecter les donneurs et preneurs de déchets. Pour cela, elle couple les données publiques en accès libre (Open data) à une connaissance métier sur la substitution des matières pour créer des réseaux d’échanges de matières entre entreprises. Les coûts d’approvisionnement des entreprises « acheteuses » se trouvent ainsi réduits, tandis que les entreprises « vendeuses » identifient de nouvelles sources de revenus.

La plateforme s’adresse donc aussi bien aux groupes industriels européens qu’aux acteurs du développement économique (collectivités territoriales, agences de développement économique, bureaux d’études spécialisés) dont les démarches de synergies industrielles sont accélérées.

A la clé, des filières de valorisation sont mise en place sur les territoires : valorisation du plastique, upcycling du bois de construction, biométhanisation agricole, valorisation des déchets de plâtre…

 

LES MODELES RECYCLEUR OU SURCYCLEUR DES DECHETS

Le Code de l’Environnement caractérise le recyclage comme « toute opération de valorisation par laquelle les déchets, y compris les déchets organiques, sont retraités en substances, matières ou produits aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins. Les opérations de valorisation énergétique des déchets, celles relatives à la conversion des déchets en combustible et les opérations de remblaiement ne peuvent pas être qualifiées d’opérations de recyclage. »

 

La hiérarchie de traitement des produits en fin de vie promue par la directive-cadre « déchets » de 2008 privilégie le recyclage matière à la valorisation énergétique. L’économie circulaire s’accorde avec ce postulat puisque la création de valeur est a priori supérieure dans le cas d’une valorisation matière. Le recyclage matière est donc préférable lorsque les conditions techniques et sanitaires nécessaires le permettent. L’économie circulaire vise même l’upcycling, c’est-à-dire augmenter la valeur de la matière lors de la transformation.

Recyclage matière et valorisation énergétique peuvent également être très complémentaires. Par exemple, une opération de méthanisation produit un digestat (co-produit solide), valorisé sous forme de fertilisant, ainsi que du biogaz qui se substitue aux combustibles fossiles.

À l’inverse du recyclage, le surcyclage ne détruit pas un produit pour en faire une matière première réutilisable, mais transforme un vieux produit en un nouveau produit. Ce processus a donc une plus grande valeur pour l’environnement et le consommateur final.

Depuis 2003, une directive européenne interdit leur mise en décharge dans le but de favoriser leur valorisation et leur recyclage. De plus, il est bien entendu interdit d’abandonner les vieux pneus dans la nature, où ils défigurent le paysage et, entre-autres, offrent aux moustiques des lieux de développement favorables.

En France, le recyclage des pneus usagés est de la responsabilité des producteurs, rassemblés au sein de l’organisme de valorisation Aliapur. Ainsi, les garages et centres de pneus sont tenus de récupérer les anciens produits.

Une fois collectés, les pneus usagés réutilisables sont rechapés. Cela signifie que la bande de roulement usagée du pneu est remplacée pour restaurer ses capacités et permettre sa réutilisation. Cette pratique est surtout utilisée pour les pneus de poids-lourds.

Les pneus usagés non réutilisables, quant à eux, peuvent être valorisés de plusieurs façons, entiers, en morceaux ou broyés. Parmi les modes de valorisation, figurent :

  • le soutien de bâche d’ensilage en milieu agricole
  • la constitution de remblais routiers ou de constructions et de drains
  • le support de voie ferrée, pour réduire les vibrations et le bruit
  • les aires de jeux amortissantes et le gazon synthétique pour stade de sport
  • les combustibles et matières premières pour les cimenteries et aciéries
  • les objets moulés (ex : roue de caddies)

Modèle assez classique, le recyclage consiste à transformer (mécaniquement ou chimiquement) un déchet afin d’en faire un nouvel objet. Prenons l’exemple des pneus. Une partie est collectée puis broyée pour en faire du granulat. Ce granulat est ensuite XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX pour réaliser des terrains de sport. Les exemples de cette nature sont très nombreux.

D’autres acteurs en revanche procèdent à un « surcyclage » (ou upcycling) des déchets. Le surcyclage est un mot un peu barbare pour un concept finalement très simple : c’est l’action de récupérer des produits en fin de vie ou qui ne servent plus pour les transformer en produits dont la valeur est supérieure à celle d’origine. La valeur pouvant se caractériser par des propriétés mécaniques plus performantes, une utilité plus importante ou encore un gain esthétique.

Urban Mining Company (UMC) est une illustration particulièrement probante de ce modèle. L’entreprise recycle des aimants usagés pour les transformer en aimants encore plus performants. L’avantage est double : UMC n’est plus soumis à la fluctuation du prix des terres rares, puisque l’entreprise récupère des produits en fin de vie considérés comme n’ayant plus de valeur. Par ailleurs, elle augmente sa marge en bénéficiant de coûts d’achats faibles tout en proposant des prix plus chers que la moyenne du marché, ceux-ci disposant de propriétés supérieures.

Autre cas de figure : celui de Bilum qui propose aux entreprises de récupérer leurs bâches publicitaires pour créer des accessoires de la marque : sacs, trousses etc. Les entreprises y trouvent un double intérêt marketing : elles ont des goodies à leur effigie et peuvent communiquer sur le fait qu’elles recyclent leurs produits. La seconde vie des bâches représente une forte valeur ajoutée pour les marques, à moindre coût puisque la matière première est préexistante. Bilum est aussi présent sur le marché du B2C et propose ses produits sur sa boutique en ligne.

Enfin, nous pouvons également citer l’exemple de MéGO, l’entreprise qui s’attaque aux mégots de cigarettes. Elle propose aux entreprises et collectivités de collecter leurs mégots de cigarettes pour recycler l’acétate de cellulose qu’ils contiennent en plaques de plastique. Des plaques qui peuvent ensuite devenir des cendriers, des pots à crayons, des jetons de caddie…

 

LE MODELE “ENERGETICIEN”

Car il n’est pas toujours possible de recycler tout ou partie d’un produit, une autre voie de valorisation des matériaux est possible en les brûlant ou en récupérant le fruit de leur décomposition.

GRdF fait de la méthanisation une ambition nationale : collecter les déchets organiques pour en extraire du méthane, distribué par la suite en tant que gaz naturel. Effectivement, les matières organiques se décomposent, et se transforment en deux produits : le digestat (résidu des déchets organiques) et le méthane. Le digestat est un très bon fertilisant et peut être épandu sur les terres agricoles, tandis que le méthane est un gaz naturel combustible comparable au gaz de ville.

En janvier 2018, dans un rapport de l’ADEME, GRDF et GRTgaz évaluait à un tiers la part possible du gaz issu de la méthanisation dans un mix de gaz 100% renouvelable en 2050.

Un autre moyen de valoriser des déchets : les broyer puis les brûler pour en récupérer l’énergie sous forme de chaleur. Le CSR (Combustible Solide de Récupération), par exemple, est un matériau issu de déchets banals que les industriels, et notamment les cimentiers, utilisent avec ferveur pour permettre à leurs fours d’atteindre des températures élevées.