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Zèbres vs. licornes, et si le monde startup devait choisir ?

Une étape du Tour de France de la créativité et de l’innovation collaborative

Cette semaine, je ne vous parle pas des animaux extraordinaires ou exotiques que j’ai croisés le long de la route pendant mon périple à travers la France. Je vous partage néanmoins une lecture qui aborde le sujet magique et non moins épineux des licornes… et de leurs confrères ongulés, les zèbres.

Stop à la chasse à la licorne !

La licorne n’est pas une espèce menacée… mais plus menaçante que l’on pourrait le croire. Telle est la thèse défendue par les américaines Jennifer Brandel et Mara Zepeda.

Les deux fondatrices de startups affirment que le système de financement de la technologie par venture capital ne fonctionne pas : il valorise davantage la quantité que la qualité, la consommation à la création de valeur, des sorties de capital rapides plutôt qu’une croissance soutenable, et enfin le profit des actionnaires plutôt qu’un succès partagé. En somme, ce système, c’est celui de la chasse à la “licorne”, cette startup à la croissance exponentielle qui donne dans la “disruption” – un système qui ne valorise pas autant les business qui réparent, cultivent et connectent. Après avoir publié un essai remarqué sur cette fracture entre le monde tel qu’il est et le monde “dont nous aurions besoin”, les deux jeunes femmes ont reçu des centaines de témoignages de créateurs et d’investisseurs qui abondaient dans ce sens, celui d’un “jeu que personne ne peut gagner”.

Coucou les zèbres !

Des zèbres, mais pourquoi donc cette nouvelle métaphore ? Pour les deux auteures, la première raison est relativement évidente : parce que les zèbres, eux, contrairement aux licornes, existent vraiment. Parce qu’ils sont noir et blanc : à la fois rentables et bénéfiques pour la société. Ils vont par groupe et ils se protègent les uns les autres : leurs résultats individuels servent les résultats du groupe. Les zèbres présentent enfin une résistance hors pair, à condition que les conditions externes leur permettent de survivre.

Le système capitalistique ne permettrait pas de réunir les conditions à la création des “entreprises zèbres” : des business rentables qui adressent des problèmes réels, importants et réparent les systèmes sociaux existants. Pourquoi ? Les deux fondatrices de startups identifient plusieurs facteurs :

  • Les zèbres se retrouvent “coincés” entre deux paradigmes dépassés, celui de sociétés capitalistiques qui font passer d’abord les intérêts financiers des actionnaires, et celui d’un monde associatif à but non lucratif. Les zèbres, tout comme des fondations, philantropistes et investisseurs, se retrouvent devant le problème de la poule et de l’oeuf : ces entreprises ne sont pas accompagnées n’ayant pu prouver un modèle alternatif, mais souvent elles n’ont pas non plus la possibilité de mener leurs expériences.
  • L’accent est mis davantage sur les produits et la technologie que les processus. Construire davantage ne résout pas les plus grands enjeux sociétaux. Jennifer et Mara considèrent qu’il conviendrait d’investir davantage dans les processus et le temps nécessaire pour aider les institutions à adopter, déployer et mesurer le succès des innovations et applications.
  • Il existe bien des fonds d’impact investment aux Etats-Unis (où sont implantées les startups des auteures), mais ils sont restreints à certaines verticales comme les clean tech, la micro-finance, la santé. L’innovation dans d’autres secteurs – Jennifer et Mara évoquent l’éducation, le journalisme – est beaucoup plus limitée en apport de capitaux.

Avec ZebrasUnite, Mara, Jennifer et de nombreux entrepreneurs américains défendent des business models alternatifs pour les startups de demain. Leur manifeste ?
“We believe that developing alternative business models to the startup status quo has become a central moral challenge of our time. These alternative models will balance profit and purpose, champion democracy, and put a premium on sharing power and resources. Companies that create a more just and responsible society will hear, help, and heal the customers and communities they serve.”

Avec l’ouverture prochaine de Station F à Paris, The Camp à Aix-en-Provence et la confirmation par le Président Macron au salon VivaTech d’un fonds de 10 milliards dédié à l’innovation, la France sera plus que jamais le pays des startups. Et vous, qu’est-ce que vous pensez de cette comparaison entre zèbres et licornes ?

Manon Baëlen

Après ses études HEC Paris avec une spécialisation en Management de l’Innovation à l’Ecole Polytechnique, Manon Baëlen a lancé Noï, le Tour de France de la créativité et de l’innovation collaborative. Bengs soutient cette initiative en s’engageant comme partenaire à ses côtés et vous propose de suivre cette aventure grâce au billet d’humeur de Manon à retrouver chaque semaine.

Pour aller plus loin :