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Intrapreneuriat, le parcours du combattant?

Saison 8

Intrapreneuriat, le parcours du combattant?

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59% des intrapreneurs dénoncent l'inertie de leur groupe face à l'innovation. Comment transformer cette frustration en levier de croissance et donner aux "combattants" internes les moyens de réussir ?

L'inertie organisationnelle freine 6 intrapreneurs sur 10 dans leurs projets

L'intrapreneuriat représente la concrétisation de deux rêves : celui du salarié qui souhaite entreprendre sans quitter la sécurité de son emploi, et celui du dirigeant qui veut disposer d'un vivier d'entrepreneurs internes. Pourtant, 59% des intrapreneurs interrogés dénoncent l'inertie de leur groupe, révélant un paradoxe majeur dans les grandes entreprises françaises.

Notre étude menée auprès de 187 acteurs de l'écosystème intrapreneurial français identifie 11 défis majeurs.

Cette cartographie révèle la complexité du parcours intrapreneurial et explique pourquoi tant de projets prometteurs s'enlisent dans les méandres bureaucratiques.

Les intrapreneurs se retrouvent pris en étau entre des injonctions paradoxales : développer leur business tout en respectant les relations clients existantes, innover en rupture tout en s'alignant sur la stratégie marketing du groupe, valoriser la marque employeur tout en gérant les contraintes d'équité salariale. Cette schizophrénie organisationnelle transforme les "combattants" de l'innovation en victimes d'un système qui prône le changement mais résiste à la transformation.

La lenteur des fonctions support constitue un frein majeur : juridique, finance, achats, RH et contrôle de gestion peinent à suivre le rythme des projets d'innovation. Les intrapreneurs doivent coordonner avec des départements aux temporalités différentes, créant une friction permanente entre agilité entrepreneuriale et rigidité corporate.

Le manque de coaching et de financement entrave 74% des projets innovants

Au-delà de l'inertie organisationnelle, 74% des intrapreneurs interrogés souhaitent un accompagnement par un coach professionnel. Cette demande révèle un besoin crucial de guidance dans un parcours semé d'embûches. Les intrapreneurs recherchent trois types d'accompagnement : un "sparring partner" pour challenger leur business model, un coach "listener" pour partager leurs doutes, et un coach "doer" pour les aider dans l'exécution opérationnelle.

Les exemples de Vinci avec Leonard ou de Sodexo avec EXODOS illustrent la voie à suivre. Ces groupes ont créé des structures dédiées avec leurs propres départements juridiques, financiers et de communication. Leonard investit un lieu indépendant et fonctionne comme un véritable organe autonome, permettant aux intrapreneurs de s'affranchir de la dépendance aux Business Units traditionnelles.

Le financement représente le troisième défi majeur. Les intrapreneurs se retrouvent souvent propulsés du rôle de business developer à celui de CEO en campagne de levée de fonds, sans préparation ni accompagnement. La méconnaissance des codes du venture capital, des techniques de story telling et des ordres de grandeur budgétaires constituent autant de freins au succès des levées. Les deux tours de table qui jalonnent le parcours - validation de l'idée puis pré-industrialisation - voient leur ambition freinée par les logiques de rentabilité financière immédiate propres aux grands groupes.

Cette situation génère une insuffisance chronique des investissements pour le scale-up, contraignant les projets les plus prometteurs à végéter faute de moyens suffisants pour passer à l'échelle industrielle.

Notre approche différenciante : professionnaliser l'intrapreneuriat comme une discipline à part entière

Face à ces constats, nous proposons une vision révolutionnaire : traiter l'intrapreneuriat comme une discipline professionnelle à part entière, au même titre que le Lean Six Sigma. Cette approche implique la création de certifications dédiées, de formations diplômantes et de parcours de carrière structurés reconnaissant les compétences spécifiques de l'intrapreneur.

L'absence de professionnalisation constitue un frein majeur. Les intrapreneurs peinent à se former aux méthodologies entrepreneuriales et souffrent d'un manque de reconnaissance de leur fonction. 33% d'entre eux évoquent le manque d'aménagement du temps de travail comme un obstacle au développement de leur projet. Cette statistique révèle l'inadéquation entre les exigences de l'innovation et l'organisation traditionnelle du travail.

Notre recommandation : développer des modèles d'aménagement du temps prédéfinis selon les étapes du projet (20% en phase d'idéation, 60% en validation, 100% en industrialisation). Cette approche permettrait de concilier les impératifs opérationnels du poste d'origine avec les besoins de développement du projet intrapreneurial.

L'enjeu culturel reste central : l'intrapreneuriat rompt avec la culture classique d'entreprise en introduisant des logiques de prise de risque, d'expérimentation et d'échec constructif. Les entreprises qui réussiront leur transformation seront celles qui auront su créer des "laboratoires" d'innovation permettant l'acculturation progressive de leurs équipes aux nouvelles économies digitales. Car comme le souligne un intrapreneur "combattif" : "L'innovation disruptive ne sert pas les Business Units rationnelles et pragmatiques... ça crée deux cultures qui s'affrontent."

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