Bengs Lab

Quand l’économie de partage s’invite dans l’entreprise

ELDORADO POUR START-UP OU RELAIS DE CROISSANCE POUR ENTREPRISES CLASSIQUES

Une des dix « tendances » qui vont changer le monde selon Time Magazine : le sharing.

Sous la pression économique et la prise de conscience écologique qui pousse à éviter le gâchis, la société évolue de la dictature de la possession – je possède donc je suis – vers celle de l’usage raisonné. La consommation à l’usage a d’ores et déjà envahi la sphère privée. Les plateformes de partage de véhicules, d’appartements, jusqu’aux accessoires de luxe, sont aujourd’hui légion. Si les premiers modèles de partage de musique en peer to peer ont défrayé la chronique et engendré de nombreux débats législatifs, les modèles qui ont suivis sont entrés comme une évidence chez tous les particuliers, détournant les consommateurs des bacs à disques et les transformant en abonnés de services en ligne.Le raz-de-marée de l’économie à l’usage a transformé des écosystèmes entiers : l’hôtellerie avec le boom d’Airbnb qui propose aujourd’hui près d’un million de chambres sans en posséder une seule ; les transports, avec BlablaCar, qui pèse un cinquième du poids de SNCF Grandes Lignes moins de 10 ans après son lancement…

Si ces entreprises ont toutes peiné à convaincre lors de leur lancement, l’augmentation des levées de fonds et les montants record qui se succèdent laissent à penser que la rapidité de transformation de pans entiers de l’économie mondiale est encore devant nous.

Today’s smart choice : don’t own, share ! Times Magazine

Les géants de l’industrie automobile l’ont bien compris et passent à l’offensive. BMW, Ford et GM proposent aujourd’hui à leurs clients un service d’auto-partage. La SNCF, en investissant 28 millions d’euros dans OuiCar, expérimente la diversification, offrant un service client bout-en-bout, au-delà du transport ferroviaire.Si les entreprises historiques suivent le modèle classique de diversification (produit, service, environnement), les sociétés disruptives s’affranchissent pour la plupart du produit pour se focaliser sur les business models de services et d’environnements.Ainsi, la question n’est plus de savoir si tel ou tel secteur peut subir une désintermédiation de sa chaîne de valeur, mais bien de savoir quel sera le prochain secteur « ubérisé » ?

 

3 CAUSES MAJEURES À L’ÉVOLUTION DES MENTALITÉS DES CONSOMMATEURS

  • Instabilité économique : dans un environnement macro-économique incertain, voire pessimiste, la possession et la patrimonialisation deviennent moins prépondérantes que l’immédiateté et l’éphémère. Faute de moyens financiers suffisants ou par gestion du risque, l’usage prend aujourd’hui le pas sur la possession.
  • Prise de conscience écologique : face à l’impact carbone des biens ou des services, la raréfaction des ressources et la responsabilité citoyenne conduisent à repenser les choix de consommation. Ainsi à titre d’exemple, comment repenser les déplacements professionnels des commerciaux pour passer du véhicule de fonction systèmatique à un pass transport multimodal ?
  • Accélération de l’obsolescence technologique : la loi de Moore a ouvert la voie. L’accélération de l’innovation et la démultiplication des standards technologiques posent la question de l’obsolescence des investissements technologiques. Pourquoi acquérir un bien qui sera dépassé dans 6 mois ?

Cette mutation conduit à un bouleversement des logiques d’investissement : le délai d’usage devient prépondérant sur le délai d’amortissement.

 

L’ECONOMIE DE PARTAGE AUX PORTES DE L’ENTREPRISE

Les nouvelles technologies de la communication favorisent l’économie du partage en permettant aux individus d’être mis en relation et d’échanger facilement, partout, tout le temps. Pourtant, si l’économie de partage s’installe comme une évidence dans la vie quotidienne des citoyens, ces mêmes citoyens semblent hésiter à franchir le pas dès lors qu’il s’agit d’engager une démarche similaire à l’intérieur de l’entreprise.Les collaborateurs des entreprises ont aujourd’hui adopté dans leur vie quotidienne la notion de partage et l’usage plutôt que la possession.

En effet, selon une étude publiée par le Nouvel Observateur (décembre 2014), près de 48% des français ont déjà eu une expérience de « sharing economy », pour un panier moyen de 110€ par mois.Le marché potentiel du partage et de l’usage interentreprise représente près de 300 milliards de dollars, soit 4% des dépenses des entreprises selon une estimation de l’International Reciprocal Trade Association (ou IRTA). Pourtant partager au sein de l’entreprise reste difficile. Comment expliquer ce potentiel inexploité ?